Jamming (Lheina)

J’avais choisi un endroit éloigné dans le parc et assez désert. J’avais appris avec mon amitié avec Lheina à optimiser l’endroit où je me trouvais avec elle. Le mieux, c’était les endroits un peu désert comme celui là. Tout autour de moi, une épais brouillard magique flottait en plus du brouillard naturelle de la saison. J’avais téléporter deux fauteuils, et placé un feu magique entre les deux. La couverture était à son maximum. Le seul soucis était qu’avec sa malchance, au milieu du brouillard, elle n’arriverait pas à me retrouver. Pour ça, j’avais envoyé un Patronus pour la guider… Quand j’y pensais, organiser une soirée avec elle demandait un usage de la magie assez intensif. Terminant de rouler ma cigarette qui fait beaucoup rire, avec des plants spécialement venus de la Havane, j’attendais que mon Iguane-Patronus arrive avec Lheina pour l’allumer.
Sceptique, j’attendis de longues minutes en le contemplant. Est-ce que c’était vraiment la solution ? Ce truc n’était pas vraiment bon pour la santé, les études et surtout ma carrière. Aussi, je n’y avais pas retouché depuis que j’avais été accepté en filière Queerdicth. Mais, de temps en temps, ça me faisait un bien fout. Ca me permettait de faire tourner mon cerveau au ralenti, et surtout de me détendre à mort et de ne plus penser à tous mes problèmes.
Quand je vis enfin mon Iguane apparaître, suivi de Lheina, un léger sourire passa sur mes lèvres et je pus enfin l’allumer pour tirer une latte de cow-boy dessus, comme un mort de soiffe. Mes yeux se posèrent sur elle et je me défendis immédiatement :

« Pas de stresse, c’est la trève hivernale bientôt et j’ai pas de match avant Janvier. En plus, je ne jouerai pas pour le Super Sunday. Je suis à la Havane. Et j’ai concocté une potion de purification sanguine au cas où. Tu vois, j’ai pensé à tout... »

Je lui désignais la petite fiole devant moi d’un air amusé. Passé la première calotte sur mon esprit, un léger sourire passa sur mes lèvres et je la regardais venir. L’observant de mes yeux noirs de geais qui allaient certainement commencé à devenir un peu rouge, je continuais de fumer dessus.

« T’as pas été suivi ? Ici, on craint trop rien, surtout à cette heure-ci. Mais avec ta chance… Va voir si quelqu’un est là. » dis-je à mon Iguane.

Bizarrement, le fait d’avoir fumé lui donné un aspect un peu flou et rigolo à la fois. Mais suffisamment consistant pour faire ce que je lui avais demandé. Posant mes yeux sur elle, je déclarais d’un ton amusé.

« Tu sais que demain, j’ai rencard avec le petit Poufsouffle mignon ? Tu sais, celui qui a les cheveux d’un angelo... » ricanais-je comme une petite fille en lui tendant le joint.

Les sens un peu au ralenti, je pris la bière avec satisfaction. Au moins, la France et l’Irlande n’étaient pas loin de la Grande Bretagne pour offrir des boissons et des repas de qualités nettement supérieurs. J’évitais d’ailleurs d’y penser, car j’allais vouloir manger dans moins d’une heure et je ne voulais pas interrompre notre discussion pour aller ravager les cuisines. Fait ô combien risqué avec une poissarde comme ma pote. Je décapsulais la bière, et dans un geste trop précautionneux pour ne pas être une conséquence de l’herbe qui me montait à la tête, je décalais effectivement la fiole. Qui arriva à se briser sur un cailloux…

« Puta madre… Bon,j’en ai tout un chaudron dans ma chambre... »

Il y avait combien de chance que ma fiole tombe sur l’unique caillou de ce parc qui n’étaient fait qu’à 98 % d’arbre et d’herbes ? Je soupirais un peu, et je regardais Lheina s’installer et me bombarder de question. Défoncée, je levais les mains d’un air innocent, en signe de protection.

« Suavemente... »*

Je m’installais, et je l’observais en attendant qu’un nouveau malheur nous arrive. J’avais l’habitude de gérer ça, en anticipant un maximum ce qui pouvait se passer de pire et ça avait toujours plus ou moins fonctionné. Mais là, mon cerveau tournait au ralenti, et il fallait dire que c’était pas plus mal car ça allait certainement me délier la langue.

« Matthew Monaghan. On s’est rencontré ya pas longtemps… Ici même. Je rentrais d’un entraînement intensif. Tellement que je lui ai vomis dessus. Et au lieu de m’engueuler ou de me mettre la honte comme j’aurai pu le faire à sa place… Il s’est juste occupé de moi. »

Ca voulait dire beaucoup pour moi en réalité. Car personne hormis Selma bien sur ne s’était occupé de moi dans ma vie depuis la mort de ma mère. Pour les Montero et les cubains, j’étais la Fille De. Et pour ici, j’étais juste la fille bizarre qui ne parlait jamais et qui était froide et distante quand on ne la connaissait pas. Et vu que je ne cherchais pas à connaître les gens plus que cela… J’étais juste la nana bizarre, froide et distance. Je fis une moue à cette pensée en buvant ma bière dans une grimace.

« Je lui ai proposé d’aller boire un verre la semaine prochaine. Et du coup, je pense qu’il la prit comme un rencard… Mais je sais pas si ça en est un tu vois. P’t’être que je veux juste le remercier et m’en faire un ami non ? Même s’il est super mignon dans son genre ? »

Je levais le nez, pas convaincu du tout par mes propres paroles. Je me voilais bien évidemment la face. Continuant de boire plusieurs gorgées, je posais mes yeux sur elle et j’écoutais encore sa façon de parler propre à elle. Elle prenait beaucoup de place, comme on disait. Et parlait beaucoup… A coté de moi qui était habituellement réfléchie calme et silencieuse, elle faisait un peu tâche. Mais les opposés finissent souvent amis.

« On va aux Trois Balais, et je compte m’habiller simplement Lheina… S’il m’apprécie, j’ai pas besoin de me mettre en robe, en plus j’aime pas spécialement ça. Ca m’empêche de bouger... »

Contrairement aux tenues de Quidditch, qui me laissaient largement de la place pour mes mouvements. Tendant le bras pour avoir à nouveau le précieux sésame, je m’éclatais à nouveau la tête et je déclarais :

« J’ai pas la chance d’être aussi belle que toi tu sais. Il me prendra comme je suis… Oh. »

Je relevais les yeux rieurs, par le double sens de mes propos et je me mis à rire comme jamais à cause de la drogue. Je m’arrêtais en toussant un peu et en l’observant d’un air amusé. Elle aussi était très belle, bien plus belle que moi. J’espérais qu’elle ne le prenne pas pour de la drague, car elle devait savoir que je n’avais pas de préférence pour un genre en particulier.

« C’était super drôle. Bref, tu m’as comprise… On verra le moment venu. Et toi t’en est ou dans ton stage ? Tes tuteurs te laissent un peu d’air ? »

Je lui rendais le joint sa cérémonie et je commençais déjà à avoir le petit contre coup de flipper d’être positive à un test. Normalement au vu de mes calculs, c’était largement bon et je savais que d’autres faisaient pareil mais… la weed me rendait un poil parano, c’était un peu le revers de la médaille. Habituée, je ne me focalisais pas dessus et je l’écoutais me parler de Matthew. Ce qu’elle disait était loin d’être faux, aussi, je préférais répondre un vague :

« Peut être… On verra bien. Après, si ça devient sérieux, il faudra qu’on reste discret, mon père me tuerait s’il apprenait que je sortais avec un Né-Moldu. Déjà que Selma est à deux doigts de faire pareil. Mais c’est pas grave, on se démerdera, on s’est toujours démerdé de toute façon. »

Toujours confortablement installée, je portais ma bière à mes lèvres et je lui fis un léger sourire quand elle me fit un compliment. A la fois gênée et séduite, je remis un peu le pli de mon survêtement des Faucons que j’avais pour l’occasion et je fis ça d’ailleurs d’un geste un peu hasardeux et ridicule à cause de l’herbe et de l’alcool.

« Oui, promis, je te raconterai ! Je suis sur que ça sera top ! De toute façon j’ai rien à craindre et rien à perdre ! »

J’étais enjoué. Grace à l’herbe bien sûr, mais également grâce au fait que Lheina, en bonne amie m’avait bien rassurée et confortée dans l’idée que c’était en bonne voie. Quand elle me parla de son tuteur plutôt mignon, du nom de Clearwater, je fronçais les sourcils et je me redressais. Je n’avais jamais entendu ce nom là mais par contre l’attribut qui semblait aller avec, à savoir beau garçon m’avait soudainement intéressé. J’essayais de me remémorer la journée de présentation ds tuteurs.

« Celui qui a des cheveux noirs et un sourire à faire fondre n’importe qui ? Je crois que je vois. T’as de la chance ! Pour une fois... » dis-je avec un sourire en coin.

Je préférais rire de sa petite particularité qui faisait qu’elle avait en permanence la poisse plutôt que d’en pleurer. Et puis, rire de quelque chose permettait très souvent de la dédiaboliser. Si nous n’en rions pas, on laissait faire et c’était rendre la chose encore plus crédible et terrifiante. Quand elle me raconta l’anecdote sur son autre tuteur, je me mis à rire à nouveau aux éclats et je dus me tenir le ventre tellement cela me faisait rire. Ce genre d’humour avait toujours eu un effet particulier sur moi, surtout quand j’avais de la thc dans les veines.

« Ahahah !! Tant que le nouveau ne finit pas carrément à poil... »

J’avais les larmes aux yeux. Je me penchais vers elle, et je commençais alors à me calmer un peu.

« Mais, qu’est ce qui te donne la passion pour ce métier ? Je veux dire, c’est ultra dangereux, et vu la politique actuelle, tu vas certainement être amenée à défendre une justice qui est pas forcément la même pour tous… T’as pas de mal avec ça ? »

Je relevais les yeux vers elle. Chez nous, nous étions considérer comme des criminels et on m’avait éduqué à me méfier des autorités locales des pays magiques. Car elles défendaient aux yeux de mes parents les intérêts des puissants au pouvoir avant de défendre les intérêt du peuple. Ma nature cubaine, alliait avec mon éducation type Montero ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’un jour, l’amie que j’avais en face de moi allait devoir me coffrer… Mais je ne comptais pas suivre les traces de mon père, en théorie, j’étais sauvée. Par contre… j’avais une notion de la justice hors des lois qui étaient bien à moi et je savais qu’un jour je serai amené à les transgresser.

« Tu peux pas faire autre chose ? Genre un truc plus calme. Moins… Policier ? »

Je fis un léger rictus. Après, ca n’empêchait pas qu’elle resterait à jamais mon amie. Car, quand je l’offrais, c’était à vie et c’était pour ça que c’était si rare d’en avoir pour moi. Mes yeux noirs se posèrent sur elle et je rajoutais :

« Si tu veux une technique, pour ton grincheux, le mieux c’est d’utiliser ses propres armes. Fais le chier autant qu’il te fait chier et il te respectera. »

Je levais ma bière vers elle comme pour porter un toast suite à ce merveilleux conseil.

J’acquiesçais quand elle déclara que j’avais encore le temps. C’était bien pour cela que je ne comptais encore rien dire. Ca m’évitait des dramas et des disputes inutiles avec mon père, dans le cas où cela ne fonctionnerait pas. Et puis, j’en avais déjà assez à gérer actuellement avec ma folle idée de devenir joueuse de Quidditch Professionnel.

« Ouais, tu as raison. » dis-je un peu plus sérieuse.

Parce que même si c’était pas sérieux à l’issue du rendez-vous, je n’avais pas pour habitude de faire souffrir les gens, et si la relation ne fonctionnait pas, je n’hésiterai pas à lui dire. Concentré, je fumais plusieurs fois sur le joint. Quand elle me demanda sur qui craquait Selma, je me contentais de détourner les yeux dans un petit sourire léger.

« T’es bien curieuse. Je peux pas le dire si elle ne m’a pas donné l’autorisation de le dire… Mais promis si elle est ok, je lui dirai de t’en glisser deux mots ! »

Lheina avait beau être proche de moi, ma sœur jumelle restait la personne qui comptait le plus à mes yeux et il était hors de question que je trahisse sa parole. Enfin, je n’avais rien promis mais c’était pour moi une évidence que cela doivent rester secret. On n’était pas à l’abri de la petite Chelsea… Surtout qu’elle partageait la salle commune de Lheina, et avec la poisse qu’elle avait, elle aurait été capable de dévoilé l’identité de Sheraz par accident.

« Tu sais, pour ton tuteur, c’est pas parce que y’a un Gardien que tu peux pas marquer de but hein ? Tente le coup, au pire tu risqueras juste te prendre un non… S’il est si mignon que ça...  Je crois qu’il sort avec Perséphone Fogg, elle était à Serdaigle et dans la section Queerdicth aussi. » dis-je comme un livre de renseignement.

Quoi ? C’était bien de connaître le gardien aussi, pour éventuellement savoir les failles à exploiter. Mais bon, je n’étais pas la meilleure personne à qui il fallait demander des conseils en la matière. Pour moi, couple ou pas, ça ne changeait rien… Si une fille ou un garçon me plaisait, je fonçais sans hésiter. Tirant à nouveau une bouffée, je fis quelques ronds de fumées, qui se transformèrent en un bateau flottant dans les airs, avec pleins de petits balais tout autour.

« Il en faut des gens comme toi, des idéalistes. Si il n’y avait que des gens comme moi, le monde serait fichu… C’est un bon choix de carrière au moins tu sers à la société et... »

Elle se mit alors à prendre feu. Enfin, le fauteuil. Mes réflexes furent plus lent à cause de la weed, et j’arrivais juste à me décaler à temps pour qu’elle ne m’éclabousse pas, en mauvaise amie que j’étais. En revanche, je trébuchais moi aussi et j’attérissais le cul dans la boue. Faisant une grimace, je regardais ma tenue en soupirant, mais finalement… Je me mis à éclater de rire.
D’un Aquamenti, j’éteignis le fauteuil qui prenait feu. Et je m’accroupissais pour l’aider à se relever je lui dis en souriant légèrement.

« Effectivement, il faut que tu arranges ça un jour. Je peux t’aider si tu veux. Les malédictions c’est compliqués uniquement quand tu es isolée… Tu sais des choses sur l’artefact qui t’as fait ça ? »

Je lui prenais la main en regardant son tatouage dans le creux de sa main.

« Ca m’a l’air irlandais… » dis-je comme une conne, à cause de la weed qui me grillait mon cerveau de Serdaigle.

D’ailleurs, où était passé ce fichu joint ? On allait devoir en rouler un autre...

Je fronçais mes sourcils, réinstallé dans mon fauteuil complètement défoncée. Je mis un peu de temps à me rappeler de quoi elle parlait quand elle discuta de Perséphone. Ah oui, son tuteur. Je fronçais les sourcils et je fis une grimace en disant :

« Ouais t’as raison c’est peut être pas la meilleure idée du monde. Moi si on me fait ça, je tue le prétendant ou la prétendante immédiatement et sans poser de question. Bon, je suis un Montero donc mon cas est un peu particulier mais… on sait jamais, avec ta chance ça pourrait bien arriver faut rester prudente. » dis-je sagement depuis mon fauteuil.

Buvant une autre gorgée, je me dis qu’il était temps d’arrêter la drogue pour ce soir car j’avais déjà sommeil et très faim. Mais je savais que si je succombais à l’un ou à l’autre, la drogue s’estomperait pour laisser place à la paranoia de se faire chopper au contrôle anti-dopage. Alors, je résistais à l’envie de me faire porter un plateau par les elfes de maison et je poursuivais, me remettant debout et ricanant au coup du trèfle.

« Ouais, j’ai dit ça pour ça. C’est très bête mais généralement les choses les plus simples et les plus évidentes sont les moins facile à résoudre parce qu’on y pense pas forcément. »

J’écoutais ce qu’elle disait, et je revenais m’asseoir péniblement car je sentais l’ivresse et le spleen m’envahir. Aussi j’accueillis son idée de bière avec un sourire entousiaste.

« Bonne idée ça ! »

Je terminais la mienne et la balançait au milieu. Mes yeux se plissèrent quand je la vis prête à décapsuler la bière. Je m’attendais au pire avec elle. Dans le pire des cas la bouteille explosait et on prenait des bouts de verre dans la gueule, et dans le meilleur des cas, la mousse allait remonter pour me donner une belle bière de merde. J’étais certaine que ça allait finir comme ça, aussi je déclarais avec calme :

« Je vais l’ouvrir j’pense, sans vouloir te vexer... »

Je me mis à ricaner un peu et je me levais pour prendre la bière moi même et l’ouvrir. Sans surprise, de la mousse commença à monter et je portais immédiatement la bière à mes lèvres.

« Tu devrais aller voir les Grimm. Ils s’y connaissent en artefact. Je suppose que ta famille a déjà du y penser… Ou voir carrément avec les Gobelins eux même. Mais là, je te dis prudence, car ils sont capable de t’acheter ton âme pour la moindre petite information… Faut jamais traiter avec les Gobelins. D’ailleurs, ils te riraient certainement au nez et ils seraient très heureux de voir ta marque… Non, faudrait les forcer à parler. »

Je portais encore ma bière à mes lèvres. Mon père aurait certainement fait cela. Kidnapper un gobelin pour lui poser des questions sous la torture. Mais je doutais que ce soit le cas de la famille de Lheina.

« Et ta grand-mère, elle en a dit quoi ? Enfin, si elle est encore là… On pourrait essayer un Nécrophone si elle est plus de ce monde. Mais y’a des chances qu’elle t’engueule plus qu’autre chose si elle apprend que tu as fait ça. Enfin, si elle est disparue… Si elle l’est pas ; le mieux c’est de lui demander non ? »

Pour nous autre Cubain, la mort n’était qu’une étape et cela ne nous faisait pas peur. C’était pour ça, que j’en parlais sans tabou relatif. Je me rappelais maintenant que les britanniques n’avaient peut être pas la même conception des choses, et j’espérais ne pas l’avoir vexée.