Chronologie
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2000年06月21日 ⠂naissance d’un deuxième fils, destiné à devenir le premier lieutenant du futur Oyabun. On le craint à peine venu au monde. et dans le secret, okasan et sa plus fidèle servante, cache la condition du cadet.
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2012年07月21日 ⠂découverte du secret des Saito. sous ses yeux, sa mère est sauvagement assassinée par l’Oyabun, il est passé à tabac et otosan laisse planer sur lui l’ombre d’une éducation inhumaine; début de l’enfer. événement connu sous le nom de l'
Akai tsukinoyo (nuit de lune rouge)
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2012年07月23日 ⠂symbole d’une union fragile, une série d’attaques coordonnées décime le clan Saito. malgré l’intervention des autorités sorcières, il est trop tard, l’ensemble des victimes semblent avoir été frappées d’un sortilège impardonnable. l’enquête est rapidement close faute de preuve.
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2015年10月31日 ⠂Orochi est fait limier du clan, ses premières missions sont des collecte de taxes dîtes de “service de protection” et de dettes.
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2015年06月30日 ⠂l’Oyabun et son héritier, sous le couvert d’une nuit de pleine lune, use de leur atout majeur pour intimider un clan adverse et étendre leur pouvoir.
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2016年09月01日 ⠂il détourne les fonds d'une "collecte", fuite d’Orochi, il trouve refuge dans un orphelinat à l’extrême Sud de l’archipel. paranoïaque, il feint l’amnésie et s’éclipse à chaque pleine lune pour dissimuler sa condition de lycanthrope.
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2016年12月13日 ⠂après avoir échappé de justesse aux yakuzas de son propre clan, il s’exile en Chine puis vers la Corée du Sud, sans un sou, il survit grâce aux recentres de meutes et de petits boulots.
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2017年07月29日 ⠂sous visa étudiant, il entre sur le territoire britannique et s’inscrit à Poudlard. il falsifie son identité et emprunte le nom de famille du clan maternelle Saito et occidentalise son prénom en Viper.
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2018年09月 ⠂boursier il effectue sa première rentrée scolaire à Poudlard. première expérience de la potion tue-loup.
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2022年 ⠂changement de cap de la politique sorcière, le Ministère de la Magie durcit les obligations des hybrides.
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2022年12月31日 ⠂Viper entre de nouveau dans la clandestinité. Il gagne la sureté du Marché aux Trolls sur lequel il travaillait déjà à l'occasion des vacances scolaires.
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2022年02月 ⠂Après deux mois, le Ministère de la Magie émet un Mandat d'arrêt à son encontre pour violation du code de conduite des loups-garous.
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2023年10月 ⠂ Renversement de la hiérarchie au sein du clan Ryūjinchi. Détenu par son père, sous sa forme lycane et avec la complicité de son frère, Viper décime les loyalistes de l'Oyabun.
(N.D.L.R; les dates japonaises se lise de gauche à droite. Les kanjis se traduisent de la manière suivante → 年 année, 月mois et 日 jour.)- Tales and Stories:
Tale and myth „
origins of the saito
« Notre histoire débute à l'époque où l’Empire du Japon n'était encore qu’un vaste terrain de conquêtes et d’instabilité où conflits et répressions sanglantes dominaient le quotidien de sorciers et moldus. Dynastie après dynastie, Empereur après Empereur, nos ancêtres luttèrent sans relâche pour défendre notre peuple. Si certains sorciers mal intentionné convoitaient une part de ce mille-feuille luxuriant, le clan Saito protégeait le joyau d’une nation divisée.
Dans ces instants de troubles, ce que les non-magiques voyaient comme un clan d'ecclésiastiques vivant reclus et refusant jusqu’alors de se mêler des hostilités, reçut la visite d’un esprit ! Un yokai dont on ignore encore la nature aujourd'hui. Certains dirent qu’il était aussi grand que la plus imposantes des montures du royaume, d’autres qu’il ressemblait à un étrange homme loup, mais tous se mirent d’accord pour dire qu’il était aussi effrayant qu’attrayant. Les prêtres du monastère, apeurés, mais bienveillant accueillir ce démon et le laissèrent paître parmi leurs fidèles. Installé au cloître, d’étranges phénomènes se produisirent, des adeptes du clan disparurent et leurs corps furent retrouvés dans les bois environnant. Réduits en de simple charpie. Évidemment, les moines ne mirent pas longtemps avant de reprocher à la bête son implication dans ces meurtres atroces, mais bien malgré eux, le seigneur laissa l'Okami errer à son bon vouloir.
En signe de gratitude et afin de remercier le maître des lieux de son hospitalité, l’esprit lui fit alors une proposition qu’aucun homme ne pouvait refuser. Dans le huis clos de sa demeure, le sorcier qui nourrissait des aspirations d’harmonie, accepta sans même une once d’hésitation. Ainsi, d’une simple morsure, la créature lui octroya ce qu’elle présentait comme son pouvoir. Fort de cette fraîche acquisition, rompant le silence d’un pacifisme centenaire, le clan Saito entra ainsi dans la guerre civile qui rageait et s’approchait dangereusement de son fief ancestral. Le seigneur Saito, notre ancêtre, s’est alors allié à la branche sorcière du clan Oda en scellant l’union de son fils aîné et de l’unique fille du chef. Le but de cette union, ne fut pas le pouvoir ou l’avidité, mais restaurer la paix sur un pays que la guerre allait finir par anéantir.
L’alliance entre Saito et Oda amena une ère de pacification pour notre communauté. Vu par beaucoup comme un être supérieur, l’humble aristocrate de Mino fut nommé maître de cette nouvelle famille, et sans demander son reste, il s’en retourna à ses activités sans jamais ne plus refaire parler de lui. De mémoire de mortel, le démon ne s'est plus jamais présenté aux portes des bastions sorciers ce qui alimentent encore le mythe de son existence. Bien sûr les conflits continuèrent d’éclater, les coups d’états et rébellions furent monnaie courante, mais les sorciers s’en tenaient résolument éloignés tant qu'ils ne les menaçaient pas. »
Rise lone wolf „
pierced childhood.
L’orage gronde, menace, et pourtant nul éclair à l’horizon, juste la fureur d’un être profondément trahi donnant le change à l’âme égarée d’un être à la fragilité certaine. Le menton bas, les lèvres piquées de ses incisives prédominantes, Orochi les contemple se déchirer. Il exulte d’un besoin de se jeter dans la mêlée, mais les bras de son aîné, en menottes, le privent de cette liberté, l'argent d’une chaîne spinescente emmailloté à ses membres, ajourne cette envie sanguinaire qui pulse et massacre ses tempes dans le tambour d’un cœur endiablé. Les coups se succèdent, les plaintes se font pressantes, l’agonie de ses cris poussés dans le fer de son carmin ruisselant sur les joints d’un plancher tâché de son hémoglobine perdent de leur énergie. En vain, en maître d’orchestre, une baguette fermement agrippée d’une poigne rubiconde, le halo d’un émeraude funeste finit de sabrer l’atmosphère pesante. Coup de grâce de l’Oyabun à sa dulcinée, le chant d’un dernier soupir tiré, ses iris d’éther posés sur la chair de sa chair, la vie la quitte dans l’ultime sursaut d’un corps mutilé.
La rage tonne, inonde d’un poison brûlant une sève en mouvement, ébullition des sens, il tressaute d’une fièvre ardente. Autour de lui, le temps semble s’être suspendu; les secondes s’égrainent avec lenteur et brisant l’apparente quiétude, la respiration canine d’un loup aux abois, le râle d’une bête ayant l'appétit du sang insuffle la fétidité d’une frénésie meurtrière. L’otosan s’approche alors sans un bruit, du coin de l'œil, il le fixe. Le pas las, il traverse l’immobile salon d’hiver. Les gouttelettes d’un cruor tâchant ses phalanges se glissent et tel un compte à rebours annonçant sa fin, elles s’échouent l’une après l’autre sur le sol. Salve après salve, l'Ookami encaisse sous les injures profanes. Malgré ce spectacle d’épouvante que le destin lui offre sans censure, ses bourgeons d'orient ne parviennent à se défaire du visage de l’okāsan, figé d’un éternel repos. Envoler l'innocence, à tout jamais enterré l’esprit d’une famille unie et aimante, dans l’emballement d’un monstre véritable, tout vient de s'effondrer. Tout est de sa faute, nul besoin de l’aboyer, de le marteler, intérieurement il sait; tout est de sa faute.
«
Les temps ont changé et la peur nourrit la lâcheté des hommes. Tu comprendras quand tu seras plus grand. » Qu'elle lui avait mainte fois chuchoté à l'oreille après lui avoir conter l'épopée fabuleuse de son ancêtre. Elle s’était longtemps préparée à la douce fatalité d’un secret révélé. Et pourtant jamais elle n’avait faillit. Pas un instant son amour n’avait fluctué. Pas un moment elle n’avait songé à fuir l'inévitable prédiction si cela signifiait d’abandonner son yōkai. Est-ce donc cela devenir adulte ? Un sourire narquois éveillant ses traits fermés, un rire glissant entre ses lèvres closes, les pupilles gorgées d’une noirceur abyssale à l’étincelle animale, l’enfant maudit scrute ce dément avec insolence, celui-là même qu’il avait autrefois appelé père.
«
Finis ce que tu as commencé et voyons qui est le monstre de nous deux. » que la bête hurla d'une voix brisée. Un grognement de créature prise au piège mêlé d’un sanglot sincère, bercé d’émotions contradictoires, il le supplie de grâce de mettre un terme à sa misérable existence, de mettre fin à cette malédiction qui venait de lui arracher sa raison de vivre. Et malgré les requêtes déchirantes, ses supplices se heurtent au mutisme du patriarche. Du revers de sa main, l’homme repousse sa progéniture, lave cette paume ensanglantée à même le derme chaud de l’enfant. D'une poigne à la délicatesse de l’acier chauffé à blanc, broyant l’omoplate de sa victime, le diable rapproche son faciès éclaboussé d’un liquide rubis si proche de l'Akuma, que ce dernier peut sentir la morsure de sa respiration lacérer son cuir.
«
Sois un bon chien. siffle-t-il sans ciller. Renié, reléguer au rang d’un simple cabot, pire que la mort, l’Oyabun vient de lui faire subir l’humiliation d’une vie. Telle une poupée désarticulée, l’énergie quitte son corps que plus rien ne retient pour s’écraser sur la froideur des lattes boisées. Non sans un dernier élan de cruauté, le yakuza marque son bras d’une balafre sanguinolente. «
Et ne montre plus les crocs, où je te les arracherais un à un ! » qu'il crache dans un élan de dégout. La lame épouse sa peau avec aisance, le flot carminé et chaud ruisselle et dans un soupir empli de dédain, comme si rien ne venait de se passer, le voilà partit.
Là, les deux frères se scrutent, se jaugent. Du haut de sa stature l'aîné détourne la tête loin de ce spectacle d'épouvante. Aurait-il la clémence d'achever cette proie à demi consciente et gisant à son pied ? Ou regarderait-il ailleurs pour innocenter son âme d'une complicité consommée ? Contre tout attente, bravant l'interdit d'un trophée clamé par le roi dragon, Hoori enjambe la carcasse de l'enfant-loup. Si les murmures d'un sanglot se font accords de silence, le fantôme de l'héritier parvient à s'échouer sur les flancs moites d'une dépouille désacralisée. Ses doigts habiles se posent avec délicatesse sur des billes vitreuses dont l'âme s'est absentée. Hésitant, sa timide caresse clos le voile de chair. Elle dort, paisible et tranquille. Elle dort d'un sommeil profond dont aucun ne saurait revenir.
Finalement, l'enfant roi se relève avec raideur et sa silhouette s'incline avec constance dans le froissement de ses vêtements. En prières mornes, il accompagne l'esprit de la norō dans ce qui sera son dernier voyage. Puis, ses talons pivotent, raclent le bois et pour la première fois, les perles d'or roulent en ruisseau sur les joues de porcelaine du prodige et se dévoilent au
mononoke. Elle s'entassent en papillons noirs sur les lattes souillées. Il s'avance une main fouillant une poche bombée, qu'il ressort drapée d'un lange de soie. Surplombant son cadet, ses jambes fléchissent et avec tendresse, il étrille ce flot cuivré et à la réputation contaminée sans une parole avant de l'escorter loin d'un salon d'hiver à tout jamais profané. Sur eux se referme le shôji, gardant prisonnier le fantôme d'un âge tendre raflé par les atrocités d'un chef aliéné.
a bitter truth.
tic, tac, tic, tac...Concert d'aiguilles sur les garde-temps, bascule envoûteuse, elles se chassent à la faveur de secondes égrainées, se poussent d'un ballet intemporel avant de se rencontrer telles des sœurs ennemies. Douze coups secs étouffés par le rehaut et sous le doigt de Chronos, les portes de l'enfer s'ouvrent. Douze scintillements sévères camouflés avant que le voile nocturne n'engloutisse cet esprit tourmenté. Et dans le sillage d’un glas cafardeux, les promesses fanées s'obscurcissent. À l’aube d’un nouvel an, d’un jour festif propice aux convoitises neuves, le craquement de la trotteuse donne le tempo et œuvre à pas feutrés sur une décision mûrement réfléchie, fruit d'une délibération de longue haleine. Les aspirations d'une coexistence déconstruites par le rejet et les jugements fielleux de ceux qui allaient bientôt composer, volontairement ou bien malgré eux, le futur d’une société endoctrinée par la vision étriquée et impartiale d’un homme, d’une famille, d’une caste et de ses suivants tremblants devant l’inconnue d’une malédiction qu’ils sont bien les seuls à qualifier de la sorte.
La tête enfouie dans les plumes de son édredon et la carcasse abandonnée au creux de draps épineux. Les bras enlacés contre sa poitrine et les iris aux reflets lunaires plantés sur la voûte d’une pièce aux airs de geôles. Confiné dans la chaleur relative de sa tanière, là où auparavant, il aimait à y trouver refuge, d’un soupir ménagé, l’hybride se redresse. Son regard, empreint d’une mélancolie certaine, balaie ce lieu de vie d’une pointe nostalgique. Il conserve les reliques de quatre années d’une paix relative ; de montagnes russes à flirter aux firmaments de hauts toujours plus vibrants et à plonger au sein d’abîmes aux ténèbres infinies, oscillant entre le bonheur sincère de rencontres curieuses et inhabituelles, et la déception de mœurs viscéralement ancrés dans l'esprit familier de puritains sorciers. Ses doigts surfent d’une caresse délicate contre son avant-bras encore témoin des abus du passé. Les dés de son destin sont jetés, sa résolution arrêtée. Et simplement, il refuse de revivre les tribulations dont les souvenirs trônent fièrement sous l’encre d’un tatouage serpentant habilement le long de tissus cicatrisés.
tic, tac, tic, tac...Sérénade des cavaliers des opportunités, ils chevauchent au grand galop au creux de l'hippodrome de la postérité, s'affranchissent des obstacles graduant le chemin de fer. Passe d'armes trottant d'un grincement mécanique berçant une âme indéfectible rongée d'une frustration. Ses orteils épousent le grès d’un terrain hostile, tant par leurs idéaux profanes que sa fraîcheur. D’un étirement bestial, l’animal s'extirpe de son lit, rampe contre le matelas infusé d’une odeur qu’il peine à reconnaître. Les phalanges jointes au-dessus de sa silhouette, le lycan s'étire dans un claquement osseux agréable. Dernier instant. Ultime moment. Les traits tirés par la fatigue, les paupières closes, calfeutré d’un recueillement silencieux, il s'imprègne d’une dure réalité, celle qui serait sienne une fois les grilles et la protection de l’université avalées par la nuit, mais il en est ainsi. La flamme de l’espoir soufflée, désormais seul l’alternative d’une mise hasardeuse prévaut sur la fatalité d’un piège dans lequel il est tombé avec crédulité. De l’espoir d’une vie normale ne demeure qu’une croyance douchée et rincée par la frayeur d’un déclin futur.
Accroupi, le front couché entre ses paumes, la lanière d’un sac prisonnière de son index, les coutures fragiles et le cuir terni se révèlent sous la poussière d'un long sommeil. Bagage de voyage, partenaire d'odyssée, comme au premier jour, il reste son essentiel de fuite, son porte-bonheur intemporel. Ses doigts effleurent le derme de ce ballot de fortune refermant les trésors d'une vie antérieure et offrandes d'une étoile veillant précieusement sur lui, encouragement d'une prière céleste à poursuivre un libre-arbitre germant au détour d'un égarement passage. D'une paume assurée, quelques indispensables se joignent aux bibelots et aux vestiges jaunis d'un devoir de mémoire. D'une aspiration acerbe, ses phalanges se heurtent à l'arrogance du Tue-loup, muselière d'une politique anxiogène, cheval de Troie neutralisant une identité innée et dénaturée dans le venin de l'aconit. Rien que pour les beaux yeux d'une société gangrénée par la peur et la révulsion, il avait osé muselé cet alter. D'une prise fébrile, d'une colère muette, cette collection de potion se prend d'un vol salutaire. Elle s'écrase avec violence, peignant d'une averse fumante la pierre du caveau. Absout du poison, le spectre d'un contrat se déchire, le besoin de leur plaire se décolore et la certitude d'une réappropriation souveraine se profile. Son uniforme à l'émeraude argentée plié sur sa couchette, d'un soupir, le sang-mêlé s'affranchit de ses chaînes, brise les obligations d'un dictat suffocant et indigeste.
tic, tac, tic, tac...Dernière cacophonie, élans suicidaires et libertaires, les chevaliers du temps s'élancent d'une ruée effrénée, cadran en branle sous le sabot fluet d'une aiguille joueuse. Les minutes défilent, et pourtant, l'atmosphère se suspend, les colonnes d'un cycle figées au sein de leur alcôve vitreuse, ralentie d'une photographie finale, portrait d'une scolarité en demi-teinte. D'un coup d'œil furtif, il s'imprègne du caractère irréversible d'une conclusion précoce, mais nécessaire pour son bien-être. Et dans la nitescence frivole d'une bougie battue par l'agitation du départ, un sourire franc se dessine sur les lèvres du lycanthrope, découvrant l'éclat étincelant de canines effilées, corrigeant les lignes d'un mine maussade et affadie. Son seul compagnon d'aventure jeté par-dessus l'épaule, une cape de voyage enfilée dans la précipitation, profitant de la léthargie du château, tel un fantôme glissant sous couvert de la pénombre taiseuse, sa guenille d'homme se soustrait. D'une démarche fulgurante, couloirs et escaliers, tableaux et armures se succèdent en une répétition rasoir. Finalement, empruntant le passage de la sorcière Borgne, il s'acquitte du fardeau d’une demeure à l'hospitalité friable. Accédant aux entrailles d'une boutique désertée et lugubre, d'une inspiration profonde, laissant le néant se repaître de ses entrailles, dans un bruissement singulier, l'air se met à frémir et d'une rafale poussiéreuse, jeté aux quatre vents, l'hybride se précipite aux devants des dangers, concession inévitable et prix de la liberté qu'il compte s'octroyer.
Et bientôt la délivrance se peint dans l'aménité d'un éther hivernal, exorcisme du calice aux maux purgés. Soulagé de ne plus faire planer l'épée de Damoclès d'un clan enhardis par ses conquêtes récentes sur les rares élus ayant percé sa carapace, un rictus adoucit zèbre son minois rafraichit. Il ne leur demandait pas de le comprendre, seulement de le laisser s’en aller dignement. Tournant le dos à l'horizon et l'immense aquarelle brumeuse de l'institution magique, son ombre projetée sur la nature endormie et la peau baignée des bienfaits d'un phare nocturne perçant les nébulosités, un ricanement sauvage papillonne d’entre ses lèvres pour crever dans l’air polaire. Le regard levé vers une Lune à son zénith, invitation faite d’une assurance impertinente, l'Ōkamii, le Dragon et l'Empereur se retrouveraient bien assez tôt pour asseoir ou annihiler un pouvoir corrupteur. Dans l'attente de ce rendez-vous, l'héritier et seul rescapé d'un clan décimé, ferait honneur au don de ses aïeux, perpétuant la tradition d'une lignée inscrite dans le concept d'intégrité et de grandeur. Fugitif en devenir, sans nation et sans allié, ne pouvant compter que sur une dualité identitaire face à l'unité d'une meute d'hydres sans foi ni loi, il allait leur faire payer les vices du passé, jusqu'à regretter d'avoir donner à leur chien de chasse le goût du sang et de la destruction.
V for Vendetta.
Dehors, il pleuvait. De minuscules gouttes marquaient le carreau de leur empreinte avant de dégringoler le long de la façade. Sur la vitre, son souffle irrégulier formait des formes géométriques. Un ovale imparfait s'étirant en un nuage bullaire approximatif. De la manche de son yukata, il l'effaçait pour mieux embrasser la vue d'un jardin immaculé. Cette fresque lui brulait les yeux de souvenirs. Mais c'était toujours aussi beau. Entre les murs de la cour du Ryūgū-jō, le temps semblait avoir épargner de sa marque le palais. Emmitouflé dans le coton de son vêtement, il se laissait bercer par le son lointain des cloches. Perdu en futiles rêveries, le yōkai n'avait entendu la porte de sa geôle s'ouvrir. Des bras bien lestes le décrochèrent de son perchoir, d'un rebord de fenêtre qu'il avait grimper pour s'y installer et admirer paisiblement ce décorum. Ses pieds dépouillés de laine s'aplatirent sur le parquet. L'étreinte le gênait tout autant que la respiration crue de ses gardiens grattant ses tempes.
D'un geste instinctif, ses doigts agrippèrent les plis de kimonos aux couleurs des grandes étendues marines. Invisible à l'œil nu, poinçonnés d'une couture que ses index recherchaient, le loup distinguait les fins contours d'un hameçon, symbole de la traitrise que son aîné avait adopté. En définitive, ceux-là n'étaient pas les partisans du tyran, mais les alliés d'un baiser de Judas prêt à couvrir le cou d'un maître plongé dans la folie. Il relâchait son emprise et se rompait à le suivre sans leur opposer de résistance. Le jeune homme relevait les yeux sur des visages à peine sortie de l'adolescence. Ils ne devaient pas être plus âgés que lui, mais leur figure froide les peignaient à leur désavantages. D'une invitation timide, Viper leur tendait des poignés marqués par la souillure de l'argent. Les deux félons se toisaient en silence avant de courber l'échine en une révérence soignée.
«
Cela ne sera pas nécessaire Saito-kashira, le palais est vide. Notre Ryūjinchi-oyabun à rempli sa part du contrat et souhaite s'entretenir avec vous ! » répondit le plus diplomate tout en l'invitant à le suivre.
Les quartiers d'Hoori Ryūjinchi s'étendait sur toute l'aile sud du palais. Modestes, ils mêlaient une élégance moderne et un art natif traditionnel. Assis au milieu d'une pièce toute en largeur, l'héritier s'entretenait secrètement avec les érudits du clan, de vieux sorciers bénis par le savoir. D'habiles stratèges dont l'allégeance se faisaient aussi changeantes que les saisons. Et par Ryūjin tout-puissant, ils avaient senti les vents du pouvoir échapper des mains de leur dynaste. Ainsi, sans peine ni remord, leur haori retourné scellait le sort d'un dirigeant en déclin. Le jeune dragon en voie d'arracher les attribution de dirigeant des griffes de son père chassa d'un simple regard ses ministres.
«
Nous n'avons qu'un bref moment avant que ses fidèles ne submergent les lieux., lâchait le successeur un sourire mesquin bousculant ce faciès rigide.
Mes hommes s'occuperont de sa garde personnelle, suis le mouvement et tu n'auras qu'à éradiquer la mal à la racine !, qu'il poursuivait avec flegme. Cette lutte s'apprêtait à être l'une des plus sanglantes depuis l'
Akai tsukinoyo, mais rien ne pouvait déranger le koutaishi de triompher.
Ah ! Et n'oublies pas, le bleu est la seule couleur qui puisse régner cette nuit. » concluait-il d'un clin d'œil équivoque en doublant son cadet.
Il fit claquer la chute à l'azur nuiteuse de son kimono. Nul doute qu'à cet instant, le parfum de lèse-majesté flottait sur Naha. À peine le Kōkei se joua la fille de l'air que ses loyaux sujets passaient le fer à l'Ōkami. De frêles chaines dont une force de la nature ne ferait qu'un pli au moment le plus opportun. Escorté hors des intérieurs princiers, les extérieurs du Quartier Général s'étaient mis en branle. En ordre serré et dans un mouvement militaire, les adeptes de l'Atogama-oyabun prenaient positions. Remparts et toits grouillaient d'une soldatesque en linge de bleuet. Jeté au centre de la cour, Viper suivait ce spectacle perdu entre admiration et excitation.
Et sitôt la manœuvre se tût que l'air se mit à vibrer tel un essaim de frelons en chasse. En une succession de transplanages se faisant écho, une poignée d'hommes tout de neige vêtu émergeait du rien qu'était le néant. Le César sans mérite tournait sur lui-même et s'adonnait aux lyres précoces d'une victoire. Scindant sa garde de sa bonhommie, il accourait aux chevets de l'Oni domestiqué. Sa botte s'abattait avec lourdeur sur le cou de cette honteuse descendance. L'avant-bras levé, le monarque sommait à l'enfant prodige de le flanquer. Mal avisé et aveuglé par les délices d'une consécration retentissante, le déséquilibré n'avait su discerné les tons tranchants des accoutrements de sa tribune.
«
Que notre chiot a bien grandi, mais je ne puis que me délecter qu'il ait enfin retrouvé le chemin de sa niche ! glapissait le vieillard de sa voix grasse et rocailleuse.
Ryūjinchi-kashira, tu es digne de ton rang. Vous autre devriez prendre exemple sur le fils de la Mer ! se vantait-il d'un rire guttural, la paume sur sa panse bien rebondie.
L'honneur sera tiens ! », se contentait-il de décréter en tapant pesamment l'épaule de son aîné. À ses mots, l'aide de camp de Chīfu se hâtait de tendre une lame de métal blanc luisant sous la pâle lampe astrale.
La tranche du katana effleurait la nuque du lycanthrope. Les paupières closes, le sang du maudit ne fit qu'un tour. L'odeur ferreuse de l'hémoglobine infectait la douce brise. Le batillage vermeil teintait aux tympans. Et en un vol solitaire la caboche de l'auxiliaire soigneusement prélevée roulait sur la gravelle. À bride abattue, le déluge lui emboita le pas. Une rafale de sortilèges et maléfice souffla sur les jardins du Ryūgū-jō. De part et d'autre, sans distinction de camp ou de loyauté, les corps s'effondraient les uns après les autres.
En un coup de force, les chaînes du yōkai se brisaient. Entre ses griffes et ses crocs de bête, le cuir de l'enfant-loup s'arrachait pour laisser naître le cauchemar du patriarche. Dans le craquement osseux d'une excroissance, le Fukushū kokoro se cabrait en un hurlement sauvage. Le talion sous sa forme primitive bondissait ça et là. Les babines tachées de crimes, l'esprit vengeur fendait de ses canines les blanches colombes. Agonisant sur le sol, une transformation en suspens, seul le sifflement des katanas tirés écourtaient leur agonie. Le spectre du crépuscule balayait la sorgue, le temps venait à manquer. Aussi le colosse s'imprégnait de la fétide essence de sa proie.
Couard à la baguette fatiguée, l'otôsan avait trouvé refuge dans ses appartements dorés. Un bien maigre réconfort pour celui qui allait bientôt connaitre le même sort que ces dévoués sous-fifres. D'une chiquenaude, le bokemono dégondait le panneau de papier et s'infiltrait dans le chambre d'un paternel transit de terreur. Ses sorts imprécis sous une paume tremblante qu'un coup de gueule suffit à désarmer le gibier. Dehors, les combats s'étaient tut et le chant victorieux des séditieux raisonnait à en faire vibrer l'armature de bois. Les crochets d'ivoire traînaient désormais les vestiges d'un roitelet déchu. Sous la clameur populaire, le Jinroh forçait l'indigent à ployer le genou. Et sans commandement, ses mâchoires claquaient contre le scalpe de sa victime. Une salve du fendoir et ses incisives perçaient le crâne du gibier rinçant ses papilles d'un goût envouteur et dangereux. En une torsion implacable, un coup de grâce musclé, et grossièrement le cadavre raccourci d'une tête basculait entre les décombres et la sève animée.