(EVENT) L'affaire Longerbane

Maeve adressa un regard entendu à Morana. Même réduite à deux individus, leur petite meute pouvait se révéler diablement plus efficace que les forces envoyées par le Ministère, encore qu'elle ne put enlever à Crowley ce qu'il venait de faire et à quelle vitesse. Les méthodes de ce triste sire étaient écœurantes mais puisque le Ministère ne s'intéressait qu'aux résultats, il y trouvait son compte, c'était l'essentiel.

Profitant du couvert que l'enchantement de la Juge Ayodele offrait, Maeve laissa Morana faire, en toute confiance. Juste à cet instant, une voix s'éleva au-dessus de sa tête l'interpellant directement. C'était Aethelia qui venait réclamer le paiement de sa dette.

Maeve accueillit sa demande avec un mauvais sourire.

« Ta fille est bien étudiante à Poudlard si je ne m'abuse ? Prends garde au souhait que tu formules... je pourrais l'exaucer avec plus de zèle que tu ne le souhaiterais. », siffla la Chasseresse, son regard glacial dardant au-dessus de sa tête, « Je ne lèverai pas mes armes contre toi aujourd'hui Aethelia, et cela vaudra solde de tous comptes entre nous. Tu n'as pas l'avantage et tu le sais très bien... »

A sa droite, Crowley avait lui aussi la harpie dans le viseur. Les deux chasseurs s'adressèrent un regard entendu. Aethelia n'avait peut-être pas choisi le meilleur moment pour réclamer son dû.

Maeve vit l'étudiante s'effondrer. La chasseresse bondit en sa direction juste quand une main éthérée lui ôta toute forme de pouvoir sur l'instant présent. Elle s'effondra, son dernier regard porté sur Crowley qui ne faisait guère mieux. Quand elle rouvrit les yeux, le brouillard s'était dissipé. Un agent du ministère tentait apparemment de raisonner la Juge Ayodele tandis que d'autres emportaient Alaric Longerbane qui avait repris une forme humaine.

La chasseresse bondit comme un félin, écartant d'un geste une jeune auror qui semblait s'inquiétait de son état. Crowley se trouvait à quelques distances, la mine contrariée. La jeune femme, qu'elle reconnut sans mal comme l'héritière Waldorf était étendue au sol. Maeve inspecta rapidement la demoiselle. Elle était en vie mais sans connaissance. Un patronus d'urgence fusa en direction de Ste Mangouste. Maeve était parfaitement au courant des liens tissés entre les Waldorf et les Longerbane depuis le bal de Yule et, à en juger par le sourire carnassier de Crowley, il nourrissait quelques projets lui aussi.

« Je ne sais pas ce que tu as en tête mais tout le monde pense que tu as shooté cette gamine. Tu ferais mieux de te tenir à carreau et de laisser Killbyrnes prendre le relai pour une fois. »
« Ne t'inquiète pas pour moi ma petite vipère. J'ai dit que je repartirai avec deux têtes de monstre et je n'ai pas changé d'avis. La deuxième sera juste plus jolie que la première... tu ferais mieux de t'inquiéter pour ton matricule de rêve. De ce que je vois, t'as plus de souci à te faire que moi. »

La Chasseresse lui jeta un mauvais regard. Il n'avait pas changé depuis Poudlard. Toujours aussi con et détestable. A ceci près qu'aujourd'hui, ils se retrouvaient dans le même camp aux yeux de tous.

À nouveau la brume se constitua en une alliée formidable rendant le chaos de la salle d'audience tout aussi lointain que redoutable. Et là, vulnérable aux attaques aveugles et sortilèges lancés sans perception d'un déguisement adversaire ou ami, la Juge Ayodele lançait un appel à une puissante magie. En une incantation énigmatique dont les tenants et aboutissants échappaient malgré lui à Magnus, la main d'une force voilée fit taire la rébellion. Son attention abreuvé par le spectacle vaudou, le vieux magistrat contempla; un peu tard, son dôme protecteur fendue avec précision, percé à jour par l'éclat d'une volée de débris rendus armes de choix, une vaillante chasseresse (@Morana Cynfeirdd) venait ouvertement de s'en prendre à son protégé.

Examinant le brouillard ondulant sur les âmes des sorciers et sorcières présents tel une ode à l'apaisement, le britannique ne vit pas venir le coup de la créature. La brutalité de cette charge gratuite le sonna un instant et le déracina de sa position avant que l'élan ne le bouscule bien loin d'une grippe imprévisible. Amorti par le duvet d'un cousin éphémère informulé, lorsque le buvard brumeux se leva, Powell fut l'un des seuls rescapés d'un sommeil trompeur. Du coin de l'œil, le sexagénaire pouvait désormais apprécier les formes indistincts d'une magnifique sirène tirant sa révérence en une pluie fine mouillant le marbre du Magenmagot. Jeu d'un esprit abondé d'adrénaline ou réalité insoupçonnable d'un privilège magique, le sang-mêlé ne savait dire ou exprimer la délicatesse de ce pouvoir chimérique dont il avait été le témoin privilégié.

Soudainement une déferlante de brigadiers et aurors en arme afflua d'entre les maigres portes de la salle d'audience. À l'approche de cette nouvelle dynamique pacificatrice, le jeune Alaric tomba le masque de monstruosité et se para de son cuir d'homme chancelant de deuil. Presque ridicule, la fourmilière policière se rua sur cette ombre fragile et l'emporta sans ménagement. L'héliaste soupira sans grand faste. La cause primaire de ce chaos à présent évacuée, il avait naïvement espéré que les âmes des belligérants se seraient consolés d'une victoire bilatérale, mais il était bien dupe de se reposer sur les seuls desseins barbaresque de faibles mœurs reprenant déjà haleine.

« Il suffit Crawley ! Rappelez vos hommes sur le champs ! » Le sifflement de ce nom abject roula sur les colonnes, creva contre les hautes arches du tribunal. Les pans pourpres de sa robe de juge ronflant sur le sol, Magnus le pointa d'un doigt accusateur. « Votre coupe est déjà bien assez pleine, je vous somme de cesser immédiatement ou les liens de la Justice vous priveront de votre liberté ! » Les lèvres pincées, les murmures du prévôt se heurtèrent aux traits froids du bourreau. Le toisant sommairement avec un dédain qu'il ne pouvait réprimer, Magnus lui désigna les huis encore grand ouvert. « Le maintien de l'ordre est une prérogative de la Brigade de Police Magique et n'incombe nullement à une horde de chiens de praires ! » Le regard sévère luisant derrière ces verres optiques, le doublant de moitié, de son ample manche, l'extrémité d'un bois redresseur de torts épousa le flanc du rustre.

D'un signe de tête humble à l'adresse d'un gardien de la paix en charge, Powell décréta la fin des hostilités et arrangeait silencieusement la sortie du boucher loin du temple des droitures. Sans attention particulière à l'égard de ce braconnier écervelé, le juste se dégagea du cordon policier formé autour de Crawley et de sa suite sanguinaire. À sa plus grande surprise, il semblait que le Ministère de son ensemble n'avait été épargné par la montée d'une rogne que le système peinait à à museler. S'extirpant de sous-sol de la bâtisse, l'effroi le frappa de plein fouet à la vue d'une représentation fraternelle en ruine. Un rideau perlé occultant sa vision, le Juge marqua un temps d'arrêt devant la stèle d'union détruite. Consterné, d'une main tremblante, sa baguette fendit l'air lourd et vicié de l'atrium et jeta une salve de sortilège de réparation sur l'allégorie d'une société d'ors et déjà fracturée, d'une communauté entraînée sur la voie d'une insurrection civile.

mais c'est qui lui encore ?:

Il faisait beau et doux ce jour-là. On aurait presque cru à un jour de printemps. Les Parker avaient profité de l'aubaine pour une petite réunion de famille, sur le toit terrasse de leur immeuble puisque c'était à peu près tout ce que leur budget et les restrictions du CIS leur permettait. Georgie et papa s'étaient relayés autour du barbecue, maman, Hannah et tante Rorie à faire en sorte que le repas reste équilibré. Le menton posé contre le garde-fou à la peinture écaillée, un petit garçon s'ennuyait ferme, les joues rosies par la petite brise de fin d'après-midi. Le regard perdu loin devant lui, il jouait à rien en se demandant pour combien de temps encore il allait passer entre les mailles du filet avant qu'une corvée quelconque ne lui tombe sur le coin de la truffe.

« Woaaaaw ! »

Sa bouche formait un grand O, imitant presque parfaitement ses grands yeux bruns ronds comme des soucoupes.

« Qu'est-ce que c'est ? », demanda maman d'une voix un peu inquiète.
« C'est un phénix maman ! Un phénix j'en suis sûr !!! »
« Un phénix ? », répéta papa, incrédule, « A cette distance, si c'est un phénix c'est un sacré morceau. », réfuta-t-il en observant au loin une silhouette imprécise qui montait en piquet au-dessus des toits, portée par deux immenses ailes embrasées.
« Mais qu - »
« Maman !!! »

Dans une espèce d'explosion, derrière l'oiseau singulier, la gueule titanesque d'une espèce de dragon de feu fusait grande ouverte, brûlant de ses flammes dévorantes les toitures voisines. Le monstre ouvrit sa gueule béante, happant l'oiseau avant de retomber lourdement de l'endroit où il avait jailli. Un des quartiers cossu du Londres magique, très loin de là mais pas assez pour protéger les Parker du souffle magique devenu inoffensif.

Dans l'instant, une nuée de sorciers en uniforme passa au-dessus du toit terrasse pour filer à toute allure vers ce qui allait bientôt devenir un incendie...